Ivrognes de Noël
Par: Catherine Ferland, PH.D., Historienne
Dans les temps anciens, les débits de boissons étaient presque toujours situés au cœur des villages, près de la place de marché et de l’église. En attendant que la messe commence, les fidèles pouvaient se réfugier au cabaret pour s’y réchauffer. Le problème, c’est qu’il arrivait assez souvent qu’ayant pris un petit verre pour patienter, les fidèles en prennent un autre… puis finissent par manquer la messe!
C’est ainsi qu’à Québec, le soir du 24 décembre 1645, deux habitants se sont retrouvés tellement «imbibés» qu’ils ont raté la messe de minuit. Pour les punir de s’être enivrés et d’avoir «fait scandale» sur la place publique, le gouverneur Charles Huault de Montmagny les a condamnés à être exposés tous les deux au chevalet (sorte de carcan de bois), dans le froid et le vent, pendant quelques heures. La sévérité du gouverneur s’explique par le fait qu’en Nouvelle-France, Noël est une fête strictement religieuse, vouée à la prière. En s’enivrant, les deux hommes ont donc aussi offensé le Seigneur.
Fait amusant, si l’on en croit le témoignage du père jésuite Lalemant, l’ivrognerie de nos deux compères leur a évité une autre forme de torture… En effet, il paraît qu’une flûte désaccordée a bien écorché les oreilles des fidèles qui étaient présent à cette messe de minuit de 1645!
Photo: Querelle d’ivrognes dans une taverne. Gravure sur bois anonyme du 19e siècle, d’après une œuvre du 17e siècle d’Adrian Brouwer. Domaine public.
Date: 2 décembre 2019